LA BEAUTÉ DU SOIN
UN ENREGISTREMENT AUDIO PAR JOUR AMÈNE LA LUMIÈRE TOUT AUTOUR
Il s'agit d'une expérimentation poétique sous forme de soin et de soutien qui s'intègre aux pratiques de la médecine clinique.
Chaque jour vous avez à votre disposition un enregistrement audio différent, nous sommes curieux de savoir ce qui se produit à chaque fois que vous écoutez nos voix, dites-le nous dans les commentaires.
Ecoute et fais ecouter la pillule quotidienne.
C'est un projet de recherche, alors racontez-nous ce qui s'est passé pendant et après l'écoute.
Comment vous sentez-vous après avoir écouté cette pièce ?
Plus précisément, après l’écoute, vous vous sentez
Témoignages
J’utilise régulièrement des contes dans mon ministère auprès des personnes âgées. Le conte utilise un langage simple et imagé. Il permet à la personne de voyager dans ses pensées et ses rêves. La parole a une place importante dans nos vies, elle permet de communiquer avec notre semblable, elle transmet des émotions positives ou négatives, elle apaise où elle énerve. Je me permets de faire un parallèle avec ce que Jésus faisait en disant des Paraboles, il renvoyait les gens à eux-mêmes, à leur expérience de vie, à leurs souvenirs. Certaines paraboles nous parlent encore aujourd’hui ! Dans la vie de nos aînés, il y a beaucoup de belles choses qui sommeillent en eux, et une parole, une musique, une voie, une poésie, peut réveiller ces souvenirs et ouvrir ainsi la voix des possibles.
Depuis quelques années j’interviens occasionnellement en EMS en tant qu’auxiliaire de soins. Depuis quelques mois m’a été offerte la possibilité de participer à ce projet en lisant des textes poétiques. J’ai d’abord pris beaucoup de plaisir à me replonger dans des trésors culturels et à en découvrir. Je fus étonné de ressentir autant d’émotions, seul, à lire et enregistrer face à mon ordinateur ce qui fut écrit parfois si loin et il y a si longtemps. Par la suite j’ai pu être témoin de l’effet particulièrement positif qu’ont ces mots sur les résidents: à leur écoute, ils semblent, en effet, comme emportés, calmement dans un voyage intérieur, l’espace d’un moment. J’ai réalisé tout le potentiel de cette expérience en termes de bien être pour le bénéficiaire. Dans cette démarche, j’ai vraiment le sentiment d’avoir saisi comme un fil invisible qui relie et unie tous les acteurs de ce projet, depuis le rêve et la plume de l’artiste, jusqu’à ceux et celles dont nous prenons soins quotidiennement. Je me réjouis de poursuivre avec eux cette belle expérience.
Je travaille comme cardiologue hospitalier dans le secteur des soins intensifs.
Je vous écris pour vous remercier de l’expérience que j’ai vécue en cette année 2018 si «lointaine».
Nous avons suivi une formation très particulière, dirigée par Silvana et Susanna. Tous les membres du groupe Area Critica ont participé à des journées vraiment spéciales lors de deux éditions différentes : nous nous sommes retrouvés dans un ancien couvent, tous nos sens et nos esprits ont été impliqués par différentes émotions, toutes positives.
Des poèmes et des mots nous ont été donnés et nous les avons transmis aux autres. Tant de petites choses se sont produites à cette époque. Par-dessus tout, chacun a livré une petite partie de soi-même et a découvert des détails importants des personnes avec lesquelles il travaille et avec lesquelles il passe de nombreuses heures de la journée dans des situations critiques. Il y avait aussi de nombreux jeux sensoriels qui se sont révélés un véritable test de confiance en l’autre !
L’un des plus beaux résultats fut une plus grande harmonie entre nous, ce qui nous a permis de travailler côte à côte avec une plus grande cohésion, puis nous avons construit dans notre service des moments d’écoute appréciés par les patients. Le matin, par exemple, lors des soins d’hygiène, puis pendant les repas, et enfin le soir pour se détendre.
Je vous écris pour vous remercier, Silvana et Susanna, ainsi que toutes les autres personnes que je ne connais pas directement, pour l’idée de ce site, qui sera une étape importante pour l’avenir du projet.
Le 6 février 2018, je me rends à un cours de formation organisé par mon Unité Sanitaire. Je suis dans ma voiture et je conduis. Je suis médecin hospitalier. Je n’ai pas du tout conscience de ce qui va m’arriver. En fait, le titre du cours aurait dû me rendre méfiante : « La beauté du soin ». N’était-ce pas justement ce titre, si inhabituel pour un cours destiné aux professionnels de la santé, qui avait éveillé ma curiosité ?
Quelle beauté s’est déchaînée ce jour-là !
Ce ne fut pas une expérience ordinaire. Par le biais de jeux, d’interactions, de lectures à voix haute, d’expériences rythmiques, d’écoutes musicales et bien d’autres choses encore, nous avons été appelés à entrer en relation, nous sommes devenus un groupe. Du coup, ayant un peu baissé les défenses du monde adulte et ayant enlevé la blouse ou l’uniforme de travail quotidien, nous nous sommes laissés guérir. De quelle façon ? Par des mots. Et par la voix de la poésie.
J’aime penser que des patients bien soignés peuvent à leur tour devenir un remède pour les médecins, comme une sorte d’effet miroir des bonnes pratiques. Est-ce que je suis en train d’exprimer un souhait trop grand ? En ce qui me concerne, j’ai certainement eu cette impression, au point que je porte encore en moi la réverbération de ce cours, un ensemencement efficace.
Il est difficile de condenser en quelques lignes une nouvelle expérience, vécue dans un service de soins auprès des opérateurs de la santé et des personnes hospitalisées. Je veux plutôt décrire des sensations, c’est-à-dire ce que nos sens ont perçu et traduit en actions.
L’écoute, les couleurs, le silence et le bruit, des pensées qui viennent de loin et qui parlent au présent, des mains qui dialoguent, des images qui partagent des expériences et des vécus.
Des sons et des mots capables de dominer le bruit des soucis liés à son propre état de santé, de seconder le désir de s’évader, de fuir une expérience que les gens ne voudraient jamais vivre en tant que protagonistes et qui les oblige à rester dans un lit à rester vigilants et, très souvent, à surveiller.
Des sons et des mots capables de s’envoler et de laisser retomber des émotions nouvelles ou connues, comme s’il s’agissait de gouttes d’une pluie fine, en les faisant ressurgir du plus profond de notre être, en transférant la force d’un premier mouvement à l’âme.
Des sons et des mots médités à travers les expériences de ceux qui ont écrit ces mêmes mots et interprété ces sons afin d’apporter des soins d’une manière originale, unique, un universel personnalisé, car partagé en liberté, sans contraintes ni conditions.
Merci pour tout ce que ces sons et ces mots véhiculent et savent révéler à ceux qui leur prêtent une écoute et un cœur.
En tant qu’animatrice socioculturelle, je connais bien l’importance des mots que l’on utilise avec une personne atteinte de démence, avec des mots on peut faire briller l’identité ou au contraire, renforcer l’isolement. Avec des mots, on peut bâtir des ponts qui unissent, ou construire des murs qui séparent. Le projet La Bellezza della Cura (La Beauté du Soin), qui depuis novembre 2019 fait partie de ma boîte à outils, encourage précisément cette construction de ponts, de rencontres, d’espaces de présence pour l’autre. Chez les personnes dont je m’occupe, je remarque avec étonnement à quel point l’écoute d’un poème, qui parfois se traduit par un seul mot phare qui capte l’attention, a la capacité d’évoquer chez eux des images ou des sentiments déjà vécus et enregistrés dans l’inconscient, et qui remontent à la surface à ce moment-là précis. Il y a des surprises derrière chaque écoute : parfois l’enregistrement de La Beauté du Soin provoque un plaisir tangible sur le visage de la personne, puisque en provoque un relâchement des traits et fait émerger un sourire, parfois c’est tout le corps qui s’exprime pour me faire comprendre une sorte de bonheur, parfois encore il provoque un silence que l’autre interprète bien comme une présence, parfois il provoque une histoire, une expression verbale jamais entendue auparavant. Pendant le confinement au printemps 2020, nous avons également commencé à utiliser la poésie comme moyen de détente pour nous qui faisons partie de l’équipe d’animation. Je peux dire que la Beauté du Soin consiste en une transition qui va du Soin à Avoir soin, puis à Prendre soin.
En tant que musicothérapeute, je crois fermement au pouvoir de guérison du Son. En tant que musicienne, je sais à quel point la musique est curative pour moi et pour celui qui écoute. Faire partie du projet La Bellezza della Cura (La Beauté du Soin) m’a également ouvert au monde des mots et à la façon dont ils peuvent caresser l’âme et en être un baume. Dans mon travail avec les opérateurs de la santé, ce fut surprenant de voir combien de poésie, de musicalité et de créativité il y a dans chaque personne et combien la beauté crée des groupes, la curiosité et le désir de s’impliquer. D’après des recherches scientifiques récentes, tout cela stimule le système immunitaire. De nos jours, nous en avons tous grand besoin.
En tant qu’assistante sociale, coordinatrice d’un centre de jour pour personnes atteintes de démence, je constate chaque jour les différentes facettes de la prise en charge. En tant que professionnels de la santé, nous sommes appelés à prendre en compte non seulement les besoins physiques et de réadaptation des personnes dont nous nous occupons, mais aussi leurs besoins émotionnels. Avec soin et gentillesse, nous demandons à entrer en contact avec eux jusqu’à ce que nous obtenions la permission de franchir doucement le seuil d’un monde. La méthode « La beauté du soin » de septembre 2020 fait partie des activités de notre centre « Con il Cuore nella Mente » (« Le cœur dans l’esprit »). J’ai proposé avec enthousiasme l’expérience d’écoute de poésie à tous les invités sans distinction. J’ai été témoin, avec la psychologue du centre, d’une multiplicité de réactions différentes : des visages qui s’illuminent, des yeux brillants et émerveillés, des paupières abaissées, des pieds et des mains accompagnant le rythme, des lèvres ouvertes dans la répétition de certains mots, des silences, des souvenirs racontés d’une vie vécue ou des mains jointes dans la prière afin de conférer un caractère sacré aux vers qu’ils venaient d’entendre. Souvent, la voix des morceaux a non seulement eu le pouvoir de détendre et de générer harmonie et bien-être, mais elle a su également se transformer en présence et déclencher de nouvelles réponses verbales et gestuelles, en particulier dans certains passages à connotation affective. Ce projet allie les langages universels de la poésie et de la musique ; la délicate combinaison des modalités et des tons parvient toujours à générer des réponses émotionnelles, grandes ou petites ; il intercepte les soubresauts de la vie et de la lumière même dans ces esprits qui semblent désormais avoir complètement plongé dans l’obscurité.